Comparatif entre la 505V6 et la R25V6 paru dans  SPORT AUTO N°299 de Décembre 1986

Article de JEAN-JACQUES CORNAERT

Avant que BMW ne présente sa nouvelle série5 d'ici un an, il nous reste encore un peu de temps pour affirmer fièrement que la 505 est "notre BM.  "Notre Audi", c'est la R25. Quel que soit le coté du Rhin, les uns et les autres s'affrontent dans une lutte de prestige.

Aujourd'hui, la 505 V6 représente le fleuron de la gamme PEUGEOT qui tente, tant bien que mal de résister au succès de la 25.Situation inégale concrétisée par l'affrontement du modèle leader de Sochaux et du numéro 2 de Billancourt. Mais bon, s'offrir un match 100% national avec deux V6 différents _maintenant on peut le dire_, voilà qui peut être considéré comme un véritable évènement en regard de l'état du haut de gamme français d'il n'y a pas si longtemps.

Les confrontations R30 / 604 ou 505 STI / R20 GTX ne risquaient pas de soulever des passions. Mais l'évolution existe, même si elle est trop lente à notre goût. Et elle se traduit entre autres par la présence d'une mécanique véritablement noble sous le capot de la 505.        

  Caractéristiques 87 : 

Renault 25 V6: pas de changement fondamentaux depuis les derniers essais de Sport Auto de mars et Août 84, hormis l'apparition de l'ABS au catalogue des options au millésime 86.Rien de nouveau en 87, à part des détails de finition.

Peugeot 505 V6: apparue il y a 3 mois seulement, la 505 V6 n'a bien sûr pas évoluée depuis. Elle est arrivée pourvue de l'ABS en série et d'un nouveau système d'assistance de direction asservi à la vitesse.

Facteurs de performances comparées 

Le nouveau _c'est le mot _ V6 à manetons décalés ravit les oreilles des mélomanes et fournit des prestations d'actualité qui permettent à la Peugeot d'annoncer des performances dans le ton malgré des caractéristiques aérodynamiques périmées. En revanche, la R25, qui sur ce point est très bien lotie, doit se contenter de l'ancienne version du PRV, dont les manetons sont "normaux" ce qui engendre, à cause de l'angle du V à 90°, un cycle irrégulier qui implique la présence d'une distribution bancale. Ces différences de conception sont immédiatement perçues : d'abord à l'oreille, puisque l'un tourne rond et sonne clair et l'autre pas.  Et ensuite puisque l'un répond correctement à la pression sur l'accélérateur et monte facilement en régime alors que le second semble souffrir en produisant un son qui manque de netteté. D'ailleurs sa puissance au litre de 54 ch traduit clairement son manque de noblesse alors que la nouvelle version affiche maintenant 60 ch , ce qui n'a au demeurant rien d'exceptionnel.

Mais on l'a déja dit, la 25 bénéficie pour le reste d'une conception moderne et rigoureuse, notament en ce qui concerne son aérodynamique, ce qui lui permet, malgré son handicap de puissance, _144 contre 170 ch_ de faire jeu égal avec la 505 en vitesse de point, respectivement 205 et 206 km/h. Elle est aussi relativement légère eu égard à ses dimensions _ 3 à 4 cm en long et en large_et à son équipement particulièrement riche, puisqu'elle est un peu moins lourde, 1310 contre 1330 kg. Mais cette fois, cela ne suffit pas à combler l'écart de puissance, et le rapport poids/puissance de la 505 s'établit à 7.8 contre un banal 9.1 pour la Renault qui est de ce fait assez sensiblement distancée en accélération comme en reprises.

On note cependant que, d'une part, le bon étagement de la boite Renault compense en partie l'anémie du 2.7 litres et contribue à l'agrément de conduite et que, d'autre part, les qualités aérodynamiques et le poids peu élevé sont à l'origine d'une consommation tout à fait acceptable par rapport à la voracité dont à toujours fait preuve ce moteur dans le passé. A l'inverse, le nouveau 2.8 litres semble avoir évolué sur ce point, puisque la 505 V6 consomme à peine plus _17 contre 16.5L/100  en conduite sportive_ alors qu'elle pâlit de sa mauvaise pénétration dans l'air.

Au volant

L'une et l'autre se distinguent par un compromis confort/tenue de route à peu près idéal. Leur comportement est particulièrement sain et efficace, leur conduite même à rythme élevé, est d'une facilité exemplaire, mais il existe bien entendu des différences profondes dues à leur architectures opposées. La 505, comme toute bonne propulsion qui se respecte, est plus vive, sa conduite est plus plaisante à défaut d'être plus efficace. Car si la 505 V6 a été dotée en série d'un système antiblocage de freins Teves, elle a dû en contre partie, comme chacun sait, se priver de son autobloquant. Sa vivacité est donc maintenant sérieusement altérée, spécialement dans les virages serrés où la motricité part malheureusement en fumée. Dans les endroits plus rapides, son absence se remarque aussi, le sous-virage ne pouvant être combattu à l'accélérateur.

Pour une berline traction à vocation familiale, la R25 se défend quand à elle fort bien, ce qui prouve, on l'a déjà dit que les incompatibilités d'humeur entre conducteurs sportifs et pères de famille n'existaient que dans la tête de certains membres des bureaux d'études. Elle vire à plat, se place avec précision, même si sa direction assistée peu sembler un peu trop légère à grande vitesse. La Peugeot n'a pas ce problème, elle inaugure un système d'assistance variable asservi à la vitesse, qui donne tellement satisfaction qu'il passe inaperçu.

En matière de freinage, tout se passe à peu près bien à deux réserves près : la première concerne la Régie qui demande un supplément pour l'ABS, ce qui commence anachronique pour ce genre de véhicule ; la seconde concerne l'adaptation du système Teves à la 505. Celle-ci est en effet sujette à des écarts importants lors de freinage très appuyés à grande vitesse. Ce genre de problème , nous l'avons déjà rencontré sur d'autres voitures, Sierra, Scorpio ou BX GTI. Hormis les problèmes d'amortissements très réels chez Ford, on peut quand même commencer à se demander si le système lui-même n'aurait pas lui aussi sa part de responsabilité....

Rapport prix/performances-équipement

L'habitacle de la 505 a été redessiné pour le millésime 86. La précédente planche de bord sert sans doute désormais de maître-étalon pour les loupés du stylisme intérieur. Maintenant, en s'installant au volant d'une 505, on peut se demander si les stylistes de la Garenne-colombes ont voulu montrer aux allemands qu'il savaient faire massif, en dessinant une impressionnante console centrale. Mais globalement, c'est correct, c'est complet, lisible et pas laid. Le volant _ en cuir _n'est pas réglable alors que le siège l'est et c'est paradoxalement à cause de cela que les individus d'une taille à peine supérieure à la moyenne auront bien du mal à trouver une position de conduite satisfaisante. On est en effet bien bien assis dans une version Diesel qui se passe du réglage en hauteur, dispositif qui rehausse l'assise de 3 cm, 3 cm de trop.

On a à peu près tout dit sur la planche de bord  de la R25, peu digne d'un haut de gamme _ d'un bas de gamme non plus d'ailleurs _ spécialement à cause de son encombrante et peu esthétique visière. L'aspect d'ensemble manque donc singulièrement de classe, mais on se console avec une habitabilité qui fait référence dans la catégorie, et d'un équipement particulièrement complet. La position de conduite est sans reproche grâce notamment au réglable en hauteur du volant  ( en cuir aussi ) et des sièges. ceux-ci sont manoeuvrés électriquement et cela en série. La bonne aérodynamique de la R25 se traduit encore par un niveau sonore peu élevé à grande vitesse, ce qui tranche avec la 505 dont la caisse démodée se distingue par d'omniprésents sifflements dès que l'on désire exploiter totalement le potentiel du moteur sur autoroute.

Pourtant, à 149800F, la 505 est incontestablement une affaire . Avec l'ABS, la R25 revient quand à elle à 164900 F, soit plus de 15100 F de plus, écart que les sièges électriques montés en série ne suffisent pas à justifier. Mais bien sûr, la 25 est plus habitable et plus récente, donc moins sujette aux problèmes de revente qui pourraient affecter la 505 d'ici à quelques années. A ce moment là, cela fera belle lurette que la 25 se sera offert le nouveau moteur à manetons décalés qui devrait très bien lui réussir. Reste à savoir si "on ne va pas l'étrangler un peu pour qu'elle ne fasse pas de tort à la grande soeur Turbo...

 

AVANTAGES 505 V6 :     Moteur performant et mélodieux / Performances / Agrément de conduite

AVANTAGES R25 V6 : Étagement de boîte / Comportement routier / Équipement / Habitabilité

ÉGALITE : Consommation / Confort / Tenue de route